On dit souvent qu’il faut naître 2 fois, une fois par sa mère, une fois par et pour soi.
La première naissance est déjà un choc pour l’enfant, on passe d’un environnement protégé où on ne voit le monde que par les yeux et les émotions maternelles à un environnement où on doit respirer tout seul, où les ressentis nous arrivent en direct.
Bref un choc, même si l’accouchement se fait dans les meilleures conditions. Même dans une famille où l’enfant est choyé, il grandit quand même avec un carcan, plus ou moins rigide (attention : Je ne prône en aucun cas le laxisme, ni l’autoritarisme familial) mais carcan quand même.
L’histoire familiale entre pleinement dans l’éducation de l’enfant.
Je vais vous donner un exemple : Imaginons en Provence ma grand-mère, alors qu’elle était une jeune ado de 14 ans au début de la guerre 39-45, ses parents ont peur qu’un allemand lui fasse des misères donc ils lui interdisent de sortir seule et pour qu’elle se méfie, lui inculquent la dangerosité des hommes (ne voulant pas stigmatiser les allemands), en plus de la religion catholique encore très implantée dans ma famille à cette époque-là donc de toute façon les filles restent à la maison. La peur est tout à fait légitime et bien réelle.
Ma grand-mère, à la sortie de la guerre, finit ,quand même, par rencontrer et se marier avec mon grand-père, ils auront 4 enfants, et les éduquent du mieux qu’ils peuvent dans ces années d’après-guerre. Les enfants grandissent avec la même éducation. C’est-à-dire que ma grand-mère a donné à ses enfants le meilleur de ce qu’elle a reçu de la part de ses parents à elle, les peurs, les non-dits (qui se transforment en maudits tant que les mots (ou maux) ne sont pas dits), les interdits…
Ma mère rencontre mon père (et quelques mois après: coucou je suis là) et transmettent encore la même éducation…….
Ce qui est valable pour moi, l’est pour vous. Ceci s’appelle une chaîne, qui part de peurs ou de valeurs réelles, palpables, légitimes et qui se propage à plusieurs générations sans que personne ne s’en rende compte et ne l’arrête.
Pour renaître il faut commencer par nettoyer ces chaînes ; dans chaque famille il y en a plusieurs, ce qui est tout à fait normal puisque nous avons 2 parents qui eux aussi 2 parents et ainsi de suite … Ces fameuses chaînes peuvent remonter sur 7 générations. Pendant le travail que nous ferons ensembles, nous remonterons ainsi jusqu’à 4 générations pour faire monter au conscient certaines chaînes familiales qui sont obsolètes aujourd’hui, afin de les couper et de vous en libérer. Il faut les voir, les comprendre pour les libérer. (Il peut y en avoir autour de l’alcoolisme, de la drogue, de manque d’amour, de parents absents, hommes sur lesquels on ne peut pas compter…. et surtout toutes les conséquences ce qui en découlent).
Bon ça, c’est déjà un bon début!
Ensuite, pour renaître, il faut se libérer de notre propre éducation, celle que nous nous sommes faite au fur et à mesure des années depuis notre naissance. Cela signifie que nous devons prendre conscience des événements marquants qui nous ont jalonné notre passé, le passé d’il y a 5 mn, 10 ans ou 50 ans peu importe.
Notre inconscient n’a aucune notion de temps, ça s’est passé, c’est tout.
Il garde tout en mémoire, en émotions, tout reste d’actualité, même ce qui vous fait du mal, jusqu’à ce qu’on lui dise que c’est caduc. Votre mental fait alors une sorte de mise à jour, comme un disque dur, gardant ce qui s’est passé mais en relativisant la représentation de l’évènement, et donc le pouvoir que nous lui donnons dans nos vies.
Comprendre la notion de représentation est essentielle, nous gardons en mémoire une sorte d’image (ou film) virtuelle, enjolivée ou dégradée d’un événement passé. Suivant le rôle que nous jouons dans cet événement, suivant le contexte, suivant les personnes qui nous entourent à ce moment-là, suivant le degré de peur personnelle, ressentie ou imaginaire…. La représentation que nous nous en ferons sera plus ou moins importante et handicapante.
Puis il faut apprivoiser qui nous sommes à l’intérieur de nous-même avec un ego bien nourri, sans fausse modestie pour renaître. La plus part du temps, ce que nous cachons, bien enfoui à l’intérieur depuis notre naissance, est la meilleure partie de nous-même, comme un trésor. Certains la cache parce qu’ils n’en ont tout simplement pas conscience, d’autre parce qu’ils ont peur qu’on leur vole.
Rien de tout ça! ce qui est à l’intérieur est à vous ! C’est ce que vous êtes, tout naturellement ; personne ne peut donc vous le voler. Nous évoluons tout au long de notre vie, donc on apprend grâce à la plasticité cérébrale qui est la capacité des connexions cérébrales à se faire ou se défaire suivant l’utilisation que l’on en fait.
En Provence on dit que « la vieille ne voulait pas mourir car elle apprenait tous les jours quelque chose ». Grâce aux événements plus ou moins traumatisants de notre vie nous évoluons, pour s’en sortir nous devons en faire quelque chose.
C’est la résilience qui est « la capacité d’adaptation d’une personne, à la suite d’un traumatisme», « c’est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité » – Boris Cyrulnik